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Le blog des Amis de la Cité de l'espace

Place des femmes dans les études scientifiques: Table ronde Acte 2

5 Mars 2024 , Rédigé par Laure Boyer, Edith Cassart, Nadine Halberstadt et Sylvie Vauclair

Place des femmes dans les études scientifiques: Table ronde Acte 2

Cet article reflète les constats et propositions issus d’une table ronde organisée le 5 avril 2023 à la Cité de l’espace, et introduit quelques éléments de réflexion en vue d’une suite prévue le 24 avril 2024, concernant les actions nécessaires menées et à mener.

Pourquoi encore si peu de femmes (de 15% à 25 %), dans les écoles d’ingénieur·es ? Pourquoi si peu d’évolution depuis une trentaine d’années, en particulier concernant les postes à responsabilité ? Il faut rechercher les causes dès la plus tendre enfance. 

Très tôt, la famille, les institutions, l’entourage « imposent » de manière le plus souvent inconsciente des stéréotypes. La sensibilité, le goût artistique, l’attention aux autres sont encouragées chez les filles, l’expression des sentiments est souvent mal vue chez les garçons.

L’éducation intervient dans le choix des études. Les filles, ayant développé une plus grande sensibilité, sont enclines et fortement incitées à choisir des études en lien avec la Société, la communication, l’entraide, l’environnement, le concret. Les professeur·es exercent une grande influence sur les choix d’orientation. 

Les femmes souhaitent souvent sécuriser leur candidature à des postes de responsabilité, elles candidatent moins que les hommes ou même s’auto-censurent. C'est que, comme l'ont montré plusieurs études, elles sont depuis petites, encouragées à être sages, bonnes élèves, attendre qu'on leur adresse la parole, alors que les garçons sont incités à s'affirmer, à intervenir et prendre la parole.

De plus, culturellement la femme continue d’être considérée comme la « gardienne de la famille ». Elle a la volonté de concilier profession et famille, c'est encore trop souvent elle qui porte la "charge mentale" des affaires familiales, enfants, ménage...

Pour faire évoluer les mentalités, Il est nécessaire de sensibiliser autant les filles que les garçons, les femmes que les hommes. Des actions sont menées par des associations comme Femmes & Sciences, par exemple :

  • Développer la confiance chez les filles en les encourageant à donner leur avis, à explorer
  • Expliquer aux filles et à leur entourage que la science n’est pas que pour les garçons
  • Rendre visibles les femmes, et notamment les femmes scientifiques
  • Casser les stéréotypes dans les manuels scolaires, les pubs, les jeux vidéo, les jouets...

Face aux multiples défis de notre Société, il est plus qu’urgent que les femmes puissent intervenir dans tous les domaines, et en particulier les sciences. Tout le monde y gagnera !

La table ronde du 5 avril réunissait :
    - Laure Boyer - Ingénieure biomédicale au MEDES, institut de médecine et physiologie spatiale
    - Caroline Laurent - Directrice des systèmes orbitaux et applications au CNES
    - Sylvie Leriche - Cheffe de service Thales Alenia Space
    - Nadine Halberstadt - Directrice de recherche au CNRS
    - Sylvie Vauclair - Astrophysicienne à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie, Professeure émérite à l’Université de Toulouse
.
Cette table ronde a été animée par Isabelle Desenclos, Ingénieure chez Airbus Space.

Chaque participante a pu évoquer son vécu et partager son expérience sur ce sujet.

De gauche à droite : Isabelle Desenclos, Nadine Halberstadt, Laure Boyer, Caroline Laurent, Sylvie Leriche, Sylvie Vauclair.  - Crédit photo : Edith Cassart

De gauche à droite : Isabelle Desenclos, Nadine Halberstadt, Laure Boyer, Caroline Laurent, Sylvie Leriche, Sylvie Vauclair. - Crédit photo : Edith Cassart

Scribing de la table ronde d'avril 2023 par Hervé Schindler

Scribing de la table ronde d'avril 2023 par Hervé Schindler

En complément, une deuxième table ronde est proposée le 24 avril 2024 avec :

Laure Boyer  Ingénieure biomédicale au MEDES, institut de médecine et physiologie spatiale,
Nadine Halberstadt -Directrice de recherche au CNRS
Catherine Lambert -
Présidente du CERFACS, Présidente du club Galaxie
Caroline Laurent - Directrice des systèmes orbitaux et applications au CNES
Philippe Marchal - Retraité du CNES, Ex- Directeur technique

Table ronde animée par Isabelle Desenclos- Ingénieure chez Airbus Space.

Cette table ronde permettra de développer les actions nécessaires :

  1. Actions menées avec des associations
  2. Actions individuelles que chacun et chacune peut mener
  3. Actions au niveau de la Société

Voici quelques éléments de réflexion pour chacun de ces points :

  1. Actions menées avec des associations :

Beaucoup d’actions sont menées par différentes associations telles que F&S :

L’association F&S intervient dans les collèges et lycées : présentation de parcours professionnels de femmes scientifiques. 

F&S agit aussi pour sensibiliser les citoyen·nes aux inégalités de traitement femmes/hommes et aux stéréotypes encore largement présents, et mettre en lumière les femmes scientifiques remarquables : interventions dans des forums avec ateliers et jeux, « déambulations » organisées sur le campus de Rangueil dans les rues qui portent le nom de femmes scientifiques, jeu MendeleÏeva qui fait découvrir de manière ludique 135 femmes scientifiques dont les recherches portent sur un ou des élément(s) du tableau périodique.
Enfin, F&S  agit comme un réseau d’entraide et d’accompagnement pour encourager les femmes dans leurs carrières, développer les liens entre ses membres et permettre le partage de compétences, d’expertises et d’expériences.

  1. Actions individuelles :
  • Par les chercheuses scientifiques : En donnant des conférences, chez les scolaires, les médiathèques, et autres lieux culturels. La question des femmes scientifiques vient tout naturellement dans la discussion qui suit ces conférences, avec les conseils à donner aux jeunes filles en cours de scolarité, et à leurs familles.
  • Par les parents : Éduquer de la même manière les filles et les garçons, Proposer aux filles et aux garçons les mêmes jeux, collectifs ou non, développant la créativité et l’autonomie.
  • Par les professeur·es : Développer la confiance chez les filles en les encourageant, Casser les stéréotypes dans les manuels scolaires Expliquer aux filles que la science n’est pas que pour les garçons, rendre l’enseignement des mathématiques attractif.
  • Par toutes et tous :
  • Mettre en place une communication non stéréotypée via des procédés de rédaction neutre ou égalitaire, voire une écriture inclusive. La pratique de la communication non genrée relève d’une véritable intention de gommer l’exposition continue aux pratiques grammaticales élevant le masculin à un rang supérieur au féminin. Voir le document https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/guide_egacom_sans_stereotypes-2022-versionpublique-min-2.pdf
  • Sensibiliser les hommes de l’entourage professionnel à la réalité de la place de la femme en entreprise afin de rendre le milieu scientifique accueillant pour les femmes. L’objectif est d’identifier et former des alliés pour partager le fardeau de la lutte contre le « sexisme ordinaire » et réagir face aux comportements inadéquats. 
  1. Actions au niveau société :

D’une manière générale, les attitudes des femmes scientifiques dans les milieux culturels sont différentes de celles des hommes ; elles se mettent moins en avant, se « vantent » moins, attendent d’être sûres de leurs informations avant de les transmettre, vont plus à fond dans les problèmes. Ceci entraîne plusieurs remarques qui sont en fait entremêlées :

  •  Est-ce que cette différence est « génétique » ou due à l’éducation ? Sachant que dans certains cas, on peut voir l’inverse, des femmes qui se comportent à la manière des hommes et réciproquement, et que le caractère inné n'a jamais pu être prouvé ; il semble bien que l'éducation soit responsable. De nombreuses études montrent qu'on n'éduque pas les filles et les garçons de la même manière, et ce, depuis le berceau.
  •  Si on veut tendre vers une éducation identique pour les filles et pour les garçons, l'idéal serait que les femmes gagnent effectivement plus de confiance de soi et de capacité de s'affirmer et d'entreprendre, mais sans oublier leurs qualités principales actuelles ; et aussi, de façon complémentaire, les garçons devraient pouvoir montrer leurs émotions sans honte, gagner en empathie, développer leur besoin d'aller au fond des choses et leur écoute et attention aux personnes. Cette évolution permettrait l'avènement d'une société plus équilibrée et plus humaine.   
  • Les médias apprécient beaucoup plus les personnes qui paraissent sûres d’elles-mêmes (même si c’est une façade), qui font des affirmations catégoriques et spectaculaires, que les personnes qui développent et partagent l’élaboration des idées, les avancées et les doutes. Dans ce cadre, les femmes sont défavorisées.​​​​​​​
  •  Il faudrait donc arriver à modifier le comportement social, les attentes du public. Cela passe par les médias, qui ont trop souvent tendance à infantiliser le public. On ne s’attend plus à ce que le public ait envie de réfléchir. On zappe tout le temps, on lui mâche le travail par des simplifications à outrance. Mais en fait le public n’est pas bête, et il a d’autres attentes. Les femmes ne devraient pas être amenées à changer leur attitude, c’est la société qui doit changer sa réceptivité pour les reconnaître dans leur richesse à elles et en bénéficier.

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